Défi sportif réussi ! Simone SALVIN, de Dijon, fait partie d’une équipe de cinq tandems composés chacun d’un pilote et d’un co-pilote non-voyant.
Nous sommes partis du 14 février au 10 mars 2014 pour relier l’Atlantique au Pacifique, de Buenos Aires en Argentine à Valparaiso au Chili.
Avec 2 compagnons en véhicule d’assistance, nous avons parcouru 1700 km, et nous avons même rencontré la neige en traversant La Cordillère des Andes. Pour cet événement, les participants, venant de toute la France et même de Suisse, se sont préparés, chacun dans leur région, pour pouvoir supporter toutes les difficultés qui ne manqueraient pas d’arriver.
Simone s’est entraînée, côté vélo, grâce au Tandem Club Dijonnais et à l’ASC cyclotourisme de Saint-Apollinaire, et pour parfaire l’endurance, avec des marcheurs de l’ATC.
Arrivés en Argentine, la première semaine ne comportant pas de grandes difficultés, est une mise en jambes à travers d’immenses champs de maïs, de soja, de pâturages, et nous permet de mieux nous connaître sur une distance de 1000 km.
Ensuite arrivent les pentes n’excédant pas 1200 m, et, à la sortie de Mendoza, la capitale du vin argentin, nous sommes au pied des massifs.
Nousattaquons La Cordillère des Andes par Les 365 virages, avec un col à 3100 m d’altitude, le paysage est sauvage avec des montagnes à perte de vue, la piste en terre est détrempée sous la pluie, avec un vent fort et une température glaciale, qui se termine par la descente d’une vingtaine de kilomètres vers Uspallata, 1900 m d’altitude, toujours sur une piste en terre et caillouteuse.
S’ensuit une longue progression ascendante, sur asphalte, souvent dans le vent, vers la dernière épreuve, le passage du Cristo Rédentor, frontière entre Argentine et Chili.
Pour accéder au col de La Cumbré à 3850 m, où se dresse la statue du Christ Rédempteur, il faut gravir une piste de 8 km, dans le froid.
Finies les montées, voici la descente sur 20 km de piste, en terre et toujours des cailloux, dessinant de très grands lacets, avant d’arriver, sur l’asphalte, en haut des fameux virages, Caracolès, de Portillo.
Une très longue descente, une succession de virages en épingle à cheveux très serrés, débute une très longue glissade de 200 km, telle une immense fermeture éclair à l’échelle de cette montagne, pour atteindre la ville mythique de Valparaiso.
Quelle joie, lorsque nous atteignons l’océan Pacifique avec son concert de pélicans, bien qu’un petit pincement au cœur nous saisit, c’est la fin de cette superbe aventure.Malgré des moments difficiles, nous n’avons jamais pensé à renoncer, l’aventure est trop enthousiasmante
En traversant la Cordillère des Andes nous évoluons dans un décor grandiose.
Nos échanges sont très riches, chacun donnant sa façon d’apprécier l’aventure au sein du groupe entre pilotes et co-pilotes, tout cela en décrivant les paysages et la vie autour de nous, et le ressenti plus particulièrement des non-voyants qui insistent sur les senteurs et les bruits de la nature.
Nous sommes agréablement surpris par le comportement des camions roulant à vive allure, très redoutés par tous, qui se déportent largement et souvent nous encouragent avec des petits coups de klaxon amicaux.
Le côté le plus positif est un accueil fabuleux, les Argentins et les Chiliens sont des gens très chaleureux.
Nombreux sont les témoignages d’amitié, les banderoles, l’accueil dans les mairies, les hébergements dans des écoles ou autres locaux, les repas le soir avec la population autour de l’asado, la fameuse viande grillée argentine, les petits déjeuners et les cadeaux offerts par des municipalités.
En Argentine, des clubs cyclistes, également des escortes de police, nous accompagnent sur plusieurs centaines de kilomètres.
A VENADO TUERTO, l’accueil est encore plus émouvant avec la diffusion radiophonique de la Marseillaise, et en nous nommant citoyens d’honneur.
Sur les 25 derniers kilomètres, une cinquantaine de cyclistes, handicapés et valides de l’association locale, nous accompagnent pour une entrée triomphale en ville.
Notre périple est l’objet de nombreux échanges, surtout sur notre conception de la prise en compte du handicap telle que nous la vivons tous les jours et celle des pays qui nous accueillent.
Une chaine de solidarité s’est spontanément créée.
Les médias locaux, radio, TV, nous suivent durant toute la traversée argentine, nous sommes l’exemple : des handicapés réalisant une aventure comme beaucoup le font.
Le séjour s’est terminé par la découverte de SANTIAGO où un couple de jeunes Français vît dans un bidonville et vient en aide à la population défavorisée de cette partie nord de la ville.
Je tiens à remercier tous les sponsors qui nous ont permis de réaliser ce défi, et plus particulièrement l’association Valentin HAUY-comité de Dijon.
Ma gratitude est sans borne pour nos pilotes pour leur conduite des tandems, leur aide pendant les étapes et les voyages en avion.
Si vous interrogez les 12 participants, tout le monde est unanime pour vous dire qu’ils sont impressionnés par l’accueil extraordinaire dont ils ont bénéficié.
Avec ces rencontres inoubliables, le groupe de tandems n’oubliera pas de sitôt cette aventure, car si elle a été sportive, elle a surtout été humaine.
Le retour à la vie normale a été un peu monotone après ce mois, riche en émotion.